Sabine Frommel est directeur d’études (Histoire de l’Art de la Renaissance) à l’École Pratique des Hautes Études (Paris-Sorbonne) depuis 2003. Son travail est axé sur les rapports entre la France et l’Italie, et notamment sur le séjour des artistes italiens à la cour de France du xvie jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (Léonard de Vinci, Serlio, Vignole, Primatice, Bernin) et celui des Français dans la péninsule (Delorme, Lescot, Bullant, Percier et Fontaine). Par des recherches autour de la description des œuvres architecturales dans la littérature et de la représentation de celles-ci dans la peinture, elle cherche à élargir les limites de la discipline de l’histoire de l’architecture et à développer une perméabilité entre différents champs scientifiques. Ses autres recherches gravitent autour des thèmes historiographiques fondés sur une étude comparative entre l’Allemagne, la France et l’Italie. Parmi ses dernières publications sont Opus Incertum 5. Disegni rinascimentali di architettura (avec Amedeo Belluzzi), Florence (Edizioni Polistampa), 2008; Bomarzo : Sacro Bosco, Milan (Electa), 2009; Primatice architecte, Paris (Picard), 2010; La réception des modèles cinquecenteschi dans les arts français du XVIIe siècle, Paris/Genève (Droz), 2010; Crocevia e capitale della migrazione artistica: forestieri a Bologna e bolognesi nel mondo (secoli XV-XVI), Bologna (Bononia University Press), 2010. Gernot Kamecke, romaniste, philosophe et traducteur, est docteur ès lettres de l’Université Humboldt de Berlin, où il enseigne la littérature française et espagnole. Il a été coordonnateur du Collège doctoral européen « Ordres institutionnels, écriture et symboles » (Paris/Dresde) de 2005 à 2009. Depuis 2009 il coordonne le Collège doctoral intégré au Centre de recherche « Transcendance et sens commun » de l’Université de Dresde. Ses travaux visent à analyser les relations épistémologiques entre les philosophies et les littératures (18e au 20e siècles). Parmi ses publications se trouvent, entre autres, des études sur Jean-Jacques Rousseau, José Cadalso, Stéphane Mallarmé, Lautréamont, Henri Bergson, Marcel Proust, Michel Leiris, Octavio Paz, Aimé Césaire, Gilles Deleuze, Cornelius Castoriadis, Alain Badiou, Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau. Il a édité La Codification. Perspectives transdisciplinaires, Paris/Genève 2007 (avec Jacques Le Rider); Ereignis und Institution. Anknüpfungen an Alain Badiou, Tübingen 2008 (avec Henning Teschke); Antike als Konzept. Lesarten in Kunst, Literatur und Politik, Berlin 2009 (avec Bruno Klein et Jürgen Müller). En 2003 il a obtenu le Prix Raymond Aron pour la traduction de L’être et l’événement d’Alain Badiou.
L’approche interdisciplinaire des études réunies dans ce livre vise à éclaircir quelques fonctions spécifiques du langage comme instrument cognitif et analytique au sein des sciences humaines. Depuis le XVIIIe siècle, la constitution et l’évolution des moyens d’expression des Geisteswissenschaften offrent un vaste éventail de problèmes et d’occurrences qui évoluent sous le signe de la recherche d’une identité, à la fois sur le plan philologique et philosophique. Lors de la fondation de ces disciplines, les discours se sont appuyés sur des manières de penser l’homme et la société, telles qu’elles ont été établies par les institutions politiques et économiques. Depuis un demi-siècle du moins, on peut considérer que les règles de la « bonne conduite scientifique » se profilent par des « jeux de langage » censés traduire des objets culturels en résultats pertinents par rapport à un entendement général. Or, bien avant que la philosophie du langage se soit institutionnalisée et que des terminologies précises aient pris naissance, la liaison entre les sciences et les langages a animé les chercheurs et les artistes. Comment, par quels artifices et adoptions, les objets traités peuvent-ils prétendre à être vrais? En empruntant à des disciplines voisines ou même aux sciences naturelles, ces processus d’assimilation sont marqués par des contaminations susceptibles de mettre en lumière les interdépendances et des affinités qui existent entre les différents champs. Ce volume veut ainsi stimuler les confrontations entre des domaines artistiques et scientifiques, comprendre les rythmes individuels au travers desquels ceux-ci se profilent progressivement, saisir les énergies vitales qui font émerger les mots et les images. Les réflexions réunies dans ce livre gravitent autour de l’architecture, la littérature (poésie et roman), la peinture, la gravure, la musique ainsi que les traités et les dictionnaires considérés comme des instruments reflétant le passage des spécimens à un langage scientifique et codifié. Si au travers des dessins architecturaux, des fictions littéraires, des descriptions de nouvelles techniques et des espaces habités se créent des savoirs polysémiques, l’art de bâtir met aussi à disposition les sources prototypiques des conceptualisations linguistiques. L’édifice grammatical devient métaphore ou même synonyme de l’édifice architectural. En levant le voile sur des interactions et des influences réciproques, sur des savants et des artistes qui puisent à pleines mains dans des ressources hétérogènes, cet ouvrage aspire à définir des rapports transversaux qui sont restés cachés lors de la spécialisation croissante des disciplines, scientifiques et artistiques.
Introduction, Sabine Frommel, Gernot Kamecke – Le langage des sciences humaines. Approches systématiques - Evidenz als Sprachspiel. Zum erkenntnistheoretischen Problem des Verhältnisses von Wissenschaft und Sprache, Gernot Kamecke - Grammatische Architekturen. Zur Konstitution von metasprachlichem Wissen in der Frühen Neuzeit, Claudine Moulin - Métaphore et « plain style ». Deux stratégies pour la description du monde au XVIIe siècle, Francesco Peri - Warum und seit wann spricht man im Abendland über Kunst?, Bruno Klein - Sprache als Waffe. Wissenschaftliche Publikationen von Professoren der Universität Würzburg in der Napoleonischen Zeit, Clemens Tangerding – Les mots, les sons et les images. Conceptualisations historiques de quelques liens entre l’art, la littérature, et les sciences humaines - Beutekunst als Gegenstand zeitgenössischer Diskurse im Rom des 3. und 2. Jahrhunderts v. Chr, André Walther - Città e scenari urbani nella letteratura umanistica in Italia:
il caso emblematico di Flavio Biondo, Gian Mario Anselmi - Sur quelques ekphraseis. Poésie et paysage dans la peinture vénitienne du début du XVIe siècle, Michel Hochmann - Abbild, Nachbild, Kopie – Zum Wandel des Begriffs der „Reproduktionsgraphik” bis 1800, Christien Melzer - Premiers coups d’œil sur le Dictionnaire de l’Académie des beaux-arts Jean-Michel Leniaud - Le texte engendré par l’image. Les références picturales dans le Second Faust de Goethe, Jacques Le Rider - L’adieu au développement ? Évolutions littéraires et musicales dans la France fin-de-siècle, Yvonne Heckmann - Imaginationen einer revolutionären ‚Eigengeschichte’:
Werner Tübke und Ernst Bloch, Karl-Siegbert Rehberg - Bâtir une œuvre. L’enchevêtrement de la littérature et de l’architecture à travers quelques exemples entre Homère et Balzac - Homer: Architektur in der Odyssee, Thuri Lorenz - Arioste et l’architecture de l’imaginaire. La description architecturale dans le poème du Roland Furieux, Paulina Spiechowicz - Le discours architectural dans la littérature de la Renaissance française. L’exemple de la réception du Poliphile (1499-1600), Gilles Polizzi - Goethe als Architekturhistoriker, Christoph Luitpold Frommel - La plume et l’équerre. L’influence de l’architecte Jacques-François Blondel sur le monde des Belles-Lettres au XVIIIe siècle, Aurélien Davrius - « ... délabré comme une vieille tour qui va tomber ». Honoré de Balzac regarde et décrit l’architecture, Sabine Frommel