Après avoir exercé diverses fonctions dans l’administration du patrimoine au ministère de la Culture (1976-1990), Jean-Michel Leniaud a été élu en 1990 sur une conférence d’histoire de l’architecture occidentale aux XIXe et XXe siècles à l’École pratique des hautes études ; il l’a occupée jusqu’en 2020. Il a parallèlement enseigné à l’École du Louvre et à l’École des chartes, dont il a été le directeur de 2011 à 2016. Ses nombreux travaux ont abordé tous les genres scientifiques : monographies d’institutions et de bâtiments, biographies d’architecte, publication de sources inédites, commissariat d’expositions, réédition d’ouvrages, direction de travaux collectifs, écrits de synthèse, essais. Intéressé par les rapports entre la création architecturale et les politiques patrimoniales, il a particulièrement étudié la définition progressive de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre, les circonstances de la commande et la définition des programmes dans le contexte politique, économique, social, culturel et religieux. Expert dans l’usage des méthodes positivistes de l’écriture historienne, il s’est peu à peu tourné vers l’analyse des formes, des symboles et des non-dits de l’architecture. Il pense très sérieusement qu’à l’écriture historienne traditionnelle qui privilégie le politique, l’économique, le social et, d’une certaine façon, la culture, on pourrait substituer une nouvelle histoire qui partirait du cadre architectural et urbain, ce cadre qui impose une obligatoire jonction entre le passé, le présent et l’avenir. Il s’explique sur ce projet englobant dans les premières pages de ce volume.
Sous le titre Architecture au XIXe siècle, programmes, styles, fantasmes, est rassemblée une sélection d’études jusqu’ici dispersées dans plusieurs revues et travaux collectifs : elles expriment la cohérence d’une recherche et d’une réflexion engagées depuis une quarantaine d’années. Produit d’une tradition multimillénaire, l’architecture du XIXe siècle résulte d’évolutions multiples : elles inventent la science de la programmation, renforcent les procédures de l’acte de construire, instrumentalisent une culture historique toujours plus complexe, réinterprètent les symboles archétypiques hérités de Vitruve et en inventent de nouveaux, entre ésotériques et rationnels.
Introduction. L’histoire de l’architecture : une discipline englobante – PREMIÈRE PARTIE. THÉORIES - I : Maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage au XIXe siècle - II : Institutions, services publics et architecture - III : Historicisme, modernité et patrimoine : quelques enjeux - IV : Entre patrimoine et changements : la ville, lieu des tensions - V : Le rationalisme architectural à l’âge industriel : propositions pour une définition – SECONDE PARTIE. QUESTIONS DE STYLE - I : La chapelle expiatoire et le pathos en architecture - II : François Debret et Félix Duban - III : Comment expliquer l’architecture religieuse - IV : Espace, lumière et son dans l’architecture religieuse – TROISIÈME PARTIE. PROGRAMMES - I : François Agnéty, architecte néo-classique de l’Allier - II : Les bâtiments du Conseil d’État - III : Les livres et la Nation : catégories d’une architecture - IV : L’ambassade de France au temps des nations - V : Quelques écuries commerciales - VI : Charles Garnier et son projet de conservatoire de musique et de déclamation (1879) - VII : Charles Garnier : un op- posant à la centralisation stylistique de la commande publique - VIII : Des architectes utopistes. à la recherche de l’hémicycle ideal – QUATRIÈME PARTIE. HISTOIRE - I : Projecteur sur une zone d’ombre dans l’histoire de l’art médiéval : le cours inédit d’archéologie médiévale de Jules Quicherat (1814-1882) - II : La fortune critique de Primatice au XIXe siècle - III : Néo-Renaissance et style Henri II au XIXe siècle - IV : Le château de Chambord au XIXe siècle : Voyage au cœur d’un rêve - V : D’Heinrich Wölfflin à Charles Garnier quel- ques propositions sur l’invention du néo-baroque - VI : Geymüller et la Renaissance française – CINQUIÈME PARTIE. ARCHITECTES - I : Le monogramme de Viollet-le-Duc : la marque ésotérique d’un rationaliste - II : Un exemple d’intérêt en France pour l’architecture suisse : L’Architecture pittoresque en Suisse ou choix de constructions rustiques, dessinée et gravée par A. et E. Varin, Paris, 1873 – SIXIÈ- ME PARTIE. RÊVES - I : Piranèse, Moyen Âge et musée des monuments français - II : Délires opiomanes et gothicomanes. De Thomas de Quincey à Wilfred Sätty - III : Entre autres énigmes de la Cité industrielle - IV : Le maître d’œuvre - Index des noms de personne.